
« Attention aux coûts insoupçonnés » des télécoms en temps de guerre

Christophe Fourtet, expert radio & télécoms, créateur de la technologie Sigfox, CEO d’Oxydio.
Les télécommunications et radiocommunications se sont inscrites dans le mouvement général de ces sept à huit décennies passées, pour ce qui en est des sciences appliquées et des techniques en découlant – souvent abusivement nommées « technologies »…
Historiquement cantonnées aux domaines purement institutionnels ou militaires réputés « à la pointe » jusqu’aux années 50/60, elles ont envahi le grand public en suivant une accélération quasi exponentielle, appuyées par une profusion de moyens sans précédent.
Internet, la radio cellulaire, pour ne pas dire la « communication personnelle », sont en effet adossés à une profusion de semiconducteurs fins, de fibres, de serveurs, de « gateways », de stations cellulaires et depuis peu, de myriades de satellites… Sans parler de l’énergie requise !
Cela étant constaté et assumé par nous tous, gardons donc en tête, par exemple, qu’appeler sa grand-mère depuis n’importe quelle grande ville de la planète (ou presque), à n’importe quel moment, sans se poser de question, a un coût qu’on a tendance à oublier, voire insoupçonné par beaucoup d’entre nous. En effet la merveilleuse petite « savonnette » que nous sortons de notre poche à cet effet est bourrée d’une appréciable puissance digitale, dopée par les semiconducteurs les plus avancés mais ne dispose que d’une antenne au rayonnement bien déplorable puisque « camouflée » pour des questions de marketing – que l’on comprend.
Le « coût insoupçonné » est ici de devoir déployer des stations ou « relais » de forte puissance tous les 200 ou 300 mètres en ville, 1 à 2 km en péri-urbain et 2 à 5 km en zones rurales dites « couvertes ». Pour le Cantal ou autres Lozère, la réalité de la physique nous rattrape. Il faut apprendre à dénicher les points hauts et à ne plus bouger d’un pouce « quand ça fonctionne ».
C’est la marche du monde moderne, plus ou moins en paix. Monde moderne, qui, d’ailleurs, commence à peine à réaliser que cela demande beaucoup d’énergie et de « trous dans le sol ». Mais c’est un autre sujet.
Bref, notre propos ici est plus d’attirer l’attention sur le fait que les industries et leurs ingénieurs se sont inconsciemment fait absorber par ce mouvement de fond de la « profusion qui fluidifie tout ».
Si l’on prend du recul, on constate que l’ingénierie des télécoms s’est globalement détournée des solutions résilientes et « élégantes » et qu’elle a donc peu cherché à voir ce que les dernières technologies auraient pu leur apporter en changement de paradigme. Et ce, même dans les secteurs plus ou moins « régaliens », avec des exceptions, certes.
Soyons plus précis pour ce qui est des télécommunications. On peut citer par exemple, l’abandon progressif du « broadcast » ; des radiocommunications point à point longue distance ou en réseau simplifié ; le peu de recherche dans les systèmes « PMR » ; les recherches limitées dans le domaine des modulations bas débit innovantes, à l’exception de l’IoT ( l’Internet des Objets) cette dernière décennie… Et encore, le peu d’effort sur les systèmes de survie fondés sur des compressions de contexte… À base d’AI en l’occurrence, qui est plutôt au service du haut débit aujourd’hui …
La liste serait très longue, restons-en là !
Le point est de prendre conscience que ces concepts sont les voies à suivre quand le monde de la profusion « vacille » un peu. Il est nécessaire de les réinvestir, ou à tout le moins dans un premier temps d’avoir une réflexion globale sur le sujet.
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