
[Drones] Comment se libérer de la dépendance aux Reaper américains
Les tensions avec l’administration Trump pointent la dépendance de la France en matière de drones moyenne altitude longue endurance. Une alternative française aux Reaper américains se dessine.
En Europe, la France n’est pas le pays le plus dépendant des États-Unis en matière de défense. Mais pour Cédric Perrin, sénateur et président de la commission défense du Sénat, la dépendance envers le drone MALE (Moyenne altitude longue endurance) américain Reaper est forte.
Lors d’une rencontre avec les membres de l’Association des journalistes de défense, le sénateur du Territoire de Belfort a appelé à « une prise de conscience ».
« Nous ne sommes pas propriétaire des images. Si les Américains récupèrent la boite à image qui est dans le Reaper, ils peuvent le faire, nous priver de ces images et même nous empêcher de survoler tel ou tel territoire. Les Américains peuvent décider de l’usage que l’on fait de nos drones ».
Le Reaper est un drone MALE américain utilisé par la France en attendant l’émergence d’une solution française ou européenne. La France dispose de 12 exemplaires de cet appareil, capable de voler pendant 24 heures pour des missions de renseignements ou de surveillance.
Particulièrement efficace, il est devenu une cible pour l’aviation russe. Le 4 mars dernier, un avion de chasse russe a adopté un « comportement dangereux » à « proximité directe » d’un drone de surveillance français dans l’espace aérien international, au-dessus de la Méditerranée orientale, annonçait le ministre français des Armées Sébastien Lecornu, dénonçant une action « agressive ».
Il y a tout juste deux ans, un Reaper de l’US Army s’est abîmé en mer Noire après avoir été intercepté par un Sukhoï-27 russe.
En 2023, l’Europe a lancé un programme de drone MALE Eurodrone qui devait être livré en 2025. Dassault Aviation a mis au point le Neuron, un drone de combat MALE qui pourrait être prêt en 2030 pour accompagner le Rafale.
L’Aarok est une autre solution française. Développé sur fonds propres par la société Turgis & Gaillard, ce drone MALE a réalisé avec succès ses premiers essais de roulage. Le 27 février, le ministre des Armées Sébastien Lecornu s’est rendu à Blois pour assister à cette nouvelle étape.
« On a pris du retard pendant pratiquement 15 ou 20 ans. Mon objectif, ce n’est pas de rattraper ce retard, ce serait vain, c’est de sauter une génération technologique » d’une génération pour se remettre « au goût du jour », a précisé le ministre à cette occasion.
Un contrat à venir ? Trop tôt pour l’évoquer. Le premier vol de l’Aarok devrait avoir lieu au mois de mai prochain.
Le ministère des Armées annonce que s’il « ne s’engage pas sur une commande », il « va subventionner par des petits tickets plusieurs acteurs pour leur développement ».
« Si ces acteurs démontrent la capacité dès 2026 à faire des premiers drones, à faire voler un premier drone MALE, alors en conséquence, on pourra envisager une acquisition pour 2027 ».
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